|
vlad atanasiu / studies
Vlad Atanasiu (1995) - Familles lexicales dans le "Lisân al-'arab" & Unité du sens des racines [Lexical Families in the "Lisân al-'arab" & Semantic Unity of <gh**> roots], M.A. in Arabic Linguistics, supervisors: Prof. Claude-France Audebert & Prof. Pierre Larcher, Department of Arabic & Islamic Studies, University of Provence, Aix-en-Provence, France
Vlad Atanasiu (1994) - Les sens dans les sons - d’après "Maqâyîs al-lugha", un dictionnaire d'Ibn Fâris [The sounds of meaning - after "Maqâyîs al-lugha", a dictionary by Ibn Fâris], B.A. in Arabic Studies, supervisor: Prof. Claude-France Audebert, Department of Arabic & Islamic Studies, University of Provence, Aix-en-Provence, France
Les sens dans les sons Unité sémantique de racines unilitères
Au linguiste sensé, un son ne peut susciter ni sentiment, ni
pensée. Pourtant, des dictionnaires arabes comme le Lisân al-'Arab ou le Maqâyîs al-lugha semblent s'être attachés
à leur insu à vaincre cette frigidité.
En prenant l'ensemble de racines trilitères de type < gh C C > du Lisân al-'Arab, on observe qu'à l'intérieur
de chaque racine, il y a un nombre restreint de sens autour desquels se
groupent les mots. En additionant ces sens pour l'ensemble < gh C C > , on obtient une maxima statistique, trois sens prédominants, de loin les
plus fréquents parmi tous les sens : 1. "caché", 2. "trouble" et
3. sens à connotation négative. Quelques examples: ghafala oublier, gha'ib absent, ghurba exil, ghalaqa fermer, ghilaf couverture, ghatta couvercle, ghul la Mort, demon, gharar danger, ghalat erreur, ghair sans, ghurûb couchant du soleil, ghaddan demain, ghain nuages, ghâba forêt, ghubâr poussière, ghanna voix nasale. En cherchant les deux premiers de sens mentionés parmi
les mots de racines ne contenant pas de < gh >, on constatera qu'ils
sont en corrélation constante avec le < gh >, leur occurrence
en dehors de cet ensemble étant, à l'exception du < kh >, basse. Le phénomène se vérifie en consultant
le Maqâyîs al-lugha, dictionnaire qui attribue généralement
à chaque racine un ou deux sens. Une liste de ces sens pour < gh C C > révèlera une prépondérance nette
des trois mêmes sens que dans le cas du Lisân al-'Arab.
En suivant ce procédé, on obtiendra des résultats
aussi clairs de l'analyse des groupes < f C C >, < q C C >
& < sh C C > ; mais moins concluants pour des racines débutant
par < 'ain > ou < b >.
Quelle pourrait être la cause de cette corrélation sens-son,
au cas où elle ne serait pas fortuite ? La raison que j'avance tient
à ce que ces sons ont pu être au cours de l'évolution
de la langue arabe, perçus comme évoquant certains sens,
auxquels ils ont été corrélés et ont ainsi
imposé naturellement leur présence dans les mots qui exprimaient
lesdits sens.
Les problèmes que posent ces observations et leur interprétation,
commencent par l'admirable fait que sont les assemblages fortuits, tels
ces nuages en forme de chevalier ou de dragon errant. Qui nous dit qu'en
choisissant un autre critère (toutes les racines redoublées
< * C C > par exemple) on n'obtiendrait pas une autre maxima statistique et
d'autre sens prédominants ? Si la langue est bien une création
humaine, cette création est rarement consciente - alors, dans le cas
où les faits continueraient à résister à toute
épreuve, il faudra envisager quelques remaniements intéressants
sur l'échiquier de la linguistique. En tout cas, la corrélation
sens-son reste un merveilleux outil pédagogique : souvent c'est
un ghaîn, un qâf ou encore un shîn,
qui me guida avec succès vers le sens de mots emmis
par le professeur assis dans la chaire.
|
|